FABLES CHOISIES DE LA FONTAINE 【署名・落款】半古 E. FLAMMARION Éditeur 【欄外手書き】Smith-Lesouëf japonais 256 (2) CHOIX DE FABLES   DE LA FONTAINE ILLUSTRÉES PAR UN GROUPE   DES MEILLEURS ARTISTES   DE TOKIO. SOUS LA DIRECTION   DE P. BARBOUTAU. TOME SECOND. TOKIO M DCCC XCIV. Imprimerie de Tsoukidji-Tokio, S. MAGATA, Directeur. Il a été fait de cet ouvrage un tirage sur    papier Japonais de luxe. 150 exemplaires sur Tori-no-ko. (qualité extra.) Nos 1 à 150. 200 idem sur Hô-sho...... Nos 151 à 350. 350 exemplaires, numérotés. Le texte de ces trois cent cinquante exemplaires a dû être  imprimé sur papier, Hô-sho, le Tori-no-ko étant trop épais pour  être plié. Le papier Japonais, à cause de sa composition, ne  peut être inprimé que d'un côté. Tous droits réservés. 【全面イラスト】 【右上・手書き頁番号】1 【署名・落款】半古 【右上・手書き頁番号】2       II LE LIÈVRE ET LES GRENOUILLES.     Un lièvre en son gîte songeait,  (Car que faire en un gîte, à moins que l'on ne songe?)  Dans un profond ennui ce lièvre se plongeait:  Cet animal est triste, et la crainte la ronge.     Les gens d'un naturel peureux     Sont, disait-il, bien malheureux! Ils ne sauraient manger morceau qui leur profite! Jamais un plaisir pur; toujours assauts divers. Voilà comme je vis; cette crainte maudite M'empêche de dormir, sinon les yeux ouverts. Corrigez-vous, dira quelque sage cervelle.     Eh! la peur se corrige-t-elle?     Je crois même qu'en bonne foi     Les hommes ont peur comme moi.     Ainsi raisonnait notre lièvre,     Et cependant faisait le guet.     Il était douteux, inquiet: Un souffle, une ombre, un rien, tout lui donnait la fièvre     Le mélancolique animal,     En rêvant à cette matière, Entend un léger bruit: ce lui fut un signal     Pour s'enfuir devers sa tanière. Il s'en alla passer sur le bord d'un étang: Grenouilles aussitôt de sauter dans les ondes, Grenouilles de rentrer en leurs grottes profondes.     Oh! dit-il, j'en fais faire autant     Qu'on m'en fait faire! Ma présence Effraye aussi les gens! je mets l'alarme au camp:     Et d'ou me vient cette vaillance? Comment! des animaux qui tremblent devant moi!     Je suis donc un foudre de guerre! Il n'est, je le vois bien, si poltron sur la terre Qui ne puisse trouver un plus poltron que soi.       I LE COQ ET LE RENARD. Sur la branche d'un arbre était en sentinelle     Un vieux coq adroit et matois. Frère, dit un renard, adoucissant sa voix,     Nous ne sommes plus en querelle;     Paix générale cette fois. Je viens te l'annoncer; descends, que je t'embrasse:     Ne me retarde point, de grâce; Je dois faire aujourd'hui vingt postes sans manquer.     Les tiens et toi pouvez vaquer     Sans nulle crainte à vos affaires;     Nous vous y servirons en frères.     Faites-en les feux dès ce soir;     Et cependant viens recevoir     Le baiser d'amour fraternelle! Ami, reprit le coq, je ne pouvais jamais Apprendre une plus douce et meilleure nouvelle         Que celle       De cette paix;     Et ce m'est une double joie De la tenir de toi. Je vois deux lévriers     Qui, je m'assure, sont courriers     Que pour ce sujet on envoie: Ils vont vite, et seront dans un moment à nous. Je descends: nous pourrons nous entre-baiser tous. Adieu, dit le renard, ma traite est longue à faire: Nous nous réjouirons du succès de l'affaire   Une autre fois. Le galant aussitôt     Tire ses grègues, gagne au haut,     Mal content de son stratagème.     Et notre vieux coq en soi-même.     Se mit à rire de sa peur; Car c'est double plaisir de tromper le trompeur. 【全面イラスト】 【右上・手書き頁番号】3 【署名・落款】秋水 【全面イラスト】 【右上・手書き頁番号】4 【署名・落款】秋水 【右上・手書き頁番号】5 Employez-moi; car mes parents Y tiennent tous les premiers rangs: Un mien cousin est juge-maire. Le dauphin dit: Bien grand merci; Et le Pirée a part aussi A l'honneur de votre présence? Vous le voyez souvent, je pense?-- Tous les jours: il est mon ami; C'est une vieille connaissance. Notre magot prit, pour ce coup, Le nom d'un port pour un nom d'homme. De telles gens il est beaucoup Qui prendraient Vaugirard pour Rome, Et qui, caquetant au plus dru, Parlent de tout, et n'ont rien vu. Le dauphin rit, tourne la tête, Et, le magot considéré, Il s'aperçoit qu'il n'a tiré Du fond des eaux rien qu'une bête. Il l'y replonge, et va trouver Quelque homme, afin de le sauver.       III LE SINGE ET LE DAUPHIN. C'était chez les Grecs un usage Que sur la mer tous voyageurs Menaient avec eux en voyage Singes et chiens de bateleurs. Un navire en cet équipage Non loin d'Athènes fit naufrage. Sans les dauphins tout eût péri. Cet animal est fort ami De notre espèce: en son histoire Pline le dit; il faut le croire. Il sauva donc tout ce qu'il put. Même un singe en cette occurrence, Profitant de la ressemblance, Lui pensa devoir son salut: Un dauphin le prit pour un homme, Et sur son dos le fit asseoir Si gravement, qu'on eût cru voir Ce chanteur que tant on renomme. Le dauphin l'allait mettre à bord, Quand, par hasard, il lui demande: Etes-vous d'Athènes la grande? Oui, dit l'autre, on m'y connaît fort: S'il vous y survient quelque affaire, 【全面イラスト】 【右上・手書き頁番号】6 【署名・落款】半古 【右上・手書き頁番号】7       V LA COLOMBE ET LA FOURMI. L'autre exemple est tiré d'animaux plus petits. Le long d'un clair ruisseau buvait une colombe, Quand sur l'eau se penchant une fourmis y tombe; Et dans cet océan l'on eût vu la fourmis S'efforcer, mais en vain, de regagner la rive. La colombe aussitôt usa de charité: Un brin d'herbe dans l'eau par elle étant jeté, Ce fut un promontoire où la fourmis arrive.     Elle se sauve. Et là-dessus Passe un certain croquant qui marchait les pieds nus; Ce croquant, par hasard, avait une arbalète.     Dès qu'il vit l'oiseau de Vénus, Il le croit en son pot, et déjà lui fait fête. Tandis qu'à le tuer mon villageois s'apprête,     La fourmi le pique au talon.     Le vilain retourne la tête: La colombe l'entend, part et tire de long. Le souper du croquant avec elle s'envole:     Point de pigeon pour une obole.      IV LE LOUP ET LA CIGOGNE.   Les loups mangent gloutonnement.   Un loup donc étant de frairie   Se pressa, dit-on, tellement,   Qu'il en pensa perdre la vie: Un os lui demeura bien avant au gosier. De bonheur pour ce loup, qui ne pouvait crier,   Près de là passe une cigogne.     Il lui fait signe; elle accourt. Voilà l'opératrice aussitôt en besogne. Elle retira l'os, puis, pour un si bon tour,   Elle demanda son salaire.   Votre salaire! dit le loup.   Vous riez, ma bonne commère?   Quoi! ce n'est pas encor beaucoup D'avoir de mon gosier retiré votre cou!   Allez, vous êtes une ingrate:   Ne tombez jamais sous ma patte. 【全面イラスト】 【右上・手書き頁番号】8 【署名】暁翠 【落款】と代 【全面イラスト】 【右上・手書き頁番号】9 【署名】友信 【落款】一青斎【?】 【右上・手書き頁番号】10 Le rat fut à son pied par la patte attaché;     Un brin de jonc en fit l'affaire. Dans le marais entré, notre bonne commère S'efforce de tirer son hôte au fond de l'eau, Contre le droit des gens, contre la foi jurée, Prétend qu'elle en fera gorge chaude et curée. C'était, à son avis, un excellent morceau. Déjà, dans son esprit, la galande le croque, Il atteste les dieux; la perfide s'en moque: Il résiste, elle tire. En ce combat nouveau, Un milan qui dans l'air planait, faisait la ronde, Voit d'en haut le pauvret se débattant sur l'onde. Il fond dessus, l'enlève, et, par même moyen,     La grenouille et le lien.     Tout en fut; tant et si bien,     Que de cette double proie     L'oiseau se donne au cœur joie,     Ayant, de cette façon,     A souper chair et poisson.     La ruse la mieux ourdie     Peut nuire à son inventeur,     Et souvent la perfidie     Retourne sur son auteur.       VI LA GRENOUILLE ET LE RAT.   Tel, comme dit Merlin cuide engeigner autrui     Qui souvent s'engeigne soi-même.   J'ai regret que ce mot soit trop vieux aujourd'hui: Il m'a toujours semblé d'une énergie extrême. Mais afin d'en venir au dessein que j'ai pris: Un rat plein d'embonpoint, gras, et des mieux nourris, Et qui ne connaissait l'avent ni le carême, Sur le bord d'un marais égayait ses esprits. Une grenouille approche, et lui dit en sa langue: Venez me voir chez moi: je vous ferai festin.     Messire rat promit soudain. Il n'était pas besoin de plus longue harangue. Elle allégua pourtant les délices du bain, La curiosité, les plaisirs du voyage, Cent raretés à voir le long du marécage: Un jour il conterait à ses petits enfants Les beautés de ces lieux, les mœurs des habitants, Et le gouvernement de la chose publique         Aquatique. Un point sans plus tenait le galant empêché: Il nageait quelque peu, mais il fallait de l'aide. La grenouille à cela trouve un très bon remède: 【全面イラスト】 【右上・手書き頁番号】11 【署名・落款】半古 【右上・手書き頁番号】12       VIII LE SOLEIL ET LES GRENOUILLES.  Aux noces d'un tyran tout le peuple en liesse     Noyait son souci dans les pots. Ésope seul trouvait que les gens étaient sots     De témoigner tant d'allégresse. Le Soleil, disait-il, eut dessein autrefois     De songer à l'hyménée. Aussitôt on ouït, d'une commune voix,     Se plaindre de leur destinée     Les citoyennes des étangs.   Que ferons-nous s'il lui vient des enfants? Dirent-elles au Sort: un seul soleil à peine   Se peut souffrir, une demi-douzaine Mettra la mer à sec et tous ses habitants. Adieu, joncs et marais: notre race est détruite;     Bientôt on la verra réduite A l'eau du Styx. Pour un pauvre animal, Grenouilles, à mon sens, ne raisonnaient pas mal.         VII LE RENARD AYANT LA QUEUE COUPÉE.     Un vieux renard, mais des plus fins,  Grand croqueur de poulets, grand preneur de lapin□     Sentant son renard d'une lieue,     Fut enfin au piège attrapé.   Par grand hasard en étant échappé, Non pas franc, car pour gage il y laissa sa queue, S'étant, dis-je, sauvé sans queue et tout honteux, Pour avoir des pareils (comme il était habile), Un jour que les renards tenaient conseil entre eux: Que faisons-nous, dit-il, de ce poids inutile, Et qui va balayant tous les sentiers fangeux? Que nous sert cette queue? Il faut qu'on se la coupe:   Si l'on me croit, chacun s'y résoudra. Votre avis est fort bon, dit quelqu'un de la troupe; Mais tournez-vous, de grâce, et l'on vous répondra. A ces mots il se fit une telle huée Que le pauvre écourté ne put être entendu. Prétendre ôter la queue eût été temps perdu.     La mode en fut continuée. 【全面イラスト】 【右上・手書き頁番号】13 【署名・落款】半古 【全面イラスト】 【右上・手書き頁番号】14 【署名・落款】貞彦 【右上・手書き頁番号】15   Parmi tant d'huîtres toutes closes Une s'était ouverte, et, bâillant au soleil,   Par un doux zéphyr réjouie, Humait l'air respirait, était épanouie; Blanche, grasse, et d'un goût, à la voir, nonpareil. D'aussi loin que le rat voit cette huître qui bâille: Qu'aperçois-je? dit-il, c'est quelque victuaille, Et, si je ne me trompe à la couleur du mets, Je dois faire aujourd'hui bonne chère, ou jamais. Là-dessus maître rat, plein de belle espérance, Approche de l'écaille, allonge un peu le cou, Se sent pris comme aux lacs; car l'huître tout d'un coup Se referme. Et voilà ce que fait l'ignorance. Cette fable contient plus d'un enseignement:   Nous y voyons premièrement Que ceux qui n'ont du monde aucune expérience Sont, aux moindres objets, frappés d'étonnement:   Et puis nous y pouvons apprendre   Que tel est pris qui croyait prendre.     IX LE RAT ET L'HUÎTRE.   Un rat hôte d'un champ, rat de peu de cervelle,   Des lares paternels un jour se trouva soûl.   Il laisse là le champ, le grain et la javelle,   Va courir le pays, abandonne son trou.     Sitôt qu'il fut hors de sa case: Que le monde, dit-il, est grand et spacieux! Voilà les Apennins, et voici le Caucase! La moindre taupinée était mont à ses yeux. Au bout de quelques jours le voyageur arrive En un certain canton où Téthys sur la rive Avait laissé mainte huître; et notre rat d'abord Crut voir, en les voyant, des vaisseaux de haut bord. Certes, dit-il, mon père était un pauvre sire! Il n'osait voyager, craintif au dernier point. Pour moi, j'ai déjà vu le maritime empire: J'ai passé les déserts; mais nous n'y bûmes point. D'un certain magister le rat tenait ces choses,     Et les disait à travers champs, N'étant point de ces rats qui, les livres rongeants,     Se font savants jusques aux dents. 【全面イラスト】 【右上・手書き頁番号】16 【署名】友信 【落款】一青斎【?】 【右上・手書き頁番号】17       XI L'ÉCREVISSE ET SA FILLE.   Les sages quelquefois, ainsi que l'écrevisse, Marchent à reculons, tournent le dos au port, C'est l'art des matelots: c'est aussi l'artifice De ceux qui, pour couvrir quelque puissant effort, Envisagent un point directement contraire, Et font vers ce lieu-là courir leur adversaire. Mon sujet est petit, cet accessoire est grand: Je pourrais l'appliquer à certain conquérant Qui tout seul déconcerte une ligue à cent têtes. Ce qu'il n'entreprend pas, et ce qu'il entreprend, N'est d'abord qu'un secret, puis devient des conquêtes. En vain l'on a les yeux sur ce qu'il veut cacher, Ce sont arrêts du Sort qu'on ne peut empêcher: Le torrent à la fin devient insurmontable. Cent dieux sont impuissants contre un seul Jupiter. Louis et le Destin me semblent de concert Entraîner l'univers. Venons à notre fable. Mère écrevisse un jour à sa fille disait: Comme tu vas, bon Dieu! ne peux-tu marcher droit?-- Et comme vous allez vous-même, dit la fille: Puis-je autrement marcher que ne fait ma famille? Veut-on que j'aille droit quand on y va tortu?     Elle avait raison: la vertu     De tout exemple domestique     Est universelle et s'applique En bien, en mal, en tout, fait des sages, des sots, Beaucoup plus de ceux-ci. Quant à tourner le dos A son but, j'y reviens; la méthode en est bonne,     Surtout au métier de Bellone;     Mais il faut le faire à propos.   X LE HÉRON. Un jour, sur ses longs pieds, allait, je ne sais où, Le héron au long bec emmanché d'un long cou.     Il côtoyait une rivière. L'onde était transparente ainsi qu'aux plus beaux jours; Ma commère la carpe y faisait mille tours     Avec le brochet son compère. Le héron en eût fait aisément son profit: Tous approchaient du bord; l'oiseau n'avait qu'à prendre.     Mais il crût mieux faire d'attendre     Qu'il eût un peu plus d'appétit. Il vivait de régime et mangeait à ses heures. Après quelques moments l'appétit vint: l'oiseau,     S'approchant du bord, vit sur l'eau Des tanches qui sortaient du fond de ces demeures. Le mets ne lui plut pas; il s'attendait à mieux,     Et montrait un goût dédaigneux,     Comme le rat du bon Horace. Moi des tanches! dit-il; moi, héron, que je fasse Une si pauvre chère! Et pour qui me prend-on? La tanche rebutée, il trouva du goujon. Du goujon! c'est bien là le dîner d'un héron! J'ouvrirais pour si peu le bec, aux dieux ne plaise! Il l'ouvrit pour bien moins: tout alla de façon     Qu'il ne vit plus aucun poisson. La faim le prit: il fut tout heureux et tout aise     De rencontrer un limaçon.     Ne soyons pas si difficiles; Le plus accommodants, ce sont les plus habiles: On hasarde de perdre en voulant trop gagner.     Gardez-vous de rien dédaigner. 【全面イラスト】 【右上・手書き頁番号】18 【署名・落款】貞彦 【全面イラスト】 【右上・手書き頁番号】19 【署名・落款】半古 【右上・手書き頁番号】20      Une meute apaisa la noise. Le chat dit au renard: Fouille en ton sac, ami;     Cherche en ta cervelle matoise Un stratagème sûr: pour moi, voici le mien. A ces mots, sur un arbre il grimpa bel et bien.     L'autre fit cent tours inutiles, Entra dans cent terriers, mit cent fois en défaut     Tous les confrères de Brifaut.     Partout il tenta des asiles,     Et ce fut partout sans succès: La fumée y pourvut, ainsi que les bassets. Au sortir d'un terrier deux chiens aux pieds agile     L'étranglèrent du premier bond. Le trop d'expédients peut gâter une affaire: On perd du temps au choix, on tente, on veut tout faire.     N'en ayons qu'un, mais qu'il soit bon.     XII LE RENARD ET LE CHAT.   Le chat et le renard, comme beaux petits saints,     S'en allaient en pèlerinage.   C'étaient deux vrais tartufs, deux archipatelins; Deux francs patte-pelus, qui des frais du voyage, Croquant mainte volaille, escroquant maint fromage,     S'indemnisaient à qui mieux mieux. Le chemin était long, et partant ennuyeux;     Pour l'accourcir ils disputèrent.     La dispute est d'un grand secours:     Sans elle on dormirait toujours.     Nos pèlerins s'égosillèrent; Ayant bien discuté, l'on parla du prochain     Le renard au chat dit enfin:     Tu prétends être fort habile: En sais-tu tant que moi? J'ai cent ruses au sac. Non, dit l'autre: je n'ai qu'un tour dans mon bissac;     Mais je soutiens qu'il en vaut mille. Eux de recommencer la dispute à l'envi. Sur le que si, que non, tous deux étant ainsi, 【全面イラスト】 【右上・手書き頁番号】21 【署名・落款】半古 【右上・手書き頁番号】22   Puis chaque canard prend ce bâton par un bout. La tortue enlevée, on s'étonne partout     De voir aller en cette guise     L'animal lent et sa maison, Justement au milieu de l'un et l'autre oison. Miracle! criait-on: venez voir dans les nues     Passer la reine des tortues.-- La reine! vraiment oui: je la suis en effet; Ne vous en moquez point. Elle eût beaucoup mieux fait De passer son chemin sans dire aucune chose; Car, lâchant le bâton en desserrant les dents, Elle tombe, elle crève aux pieds des regardants. Son indiscrétion de sa perte fut cause. Imprudence, babil, et sotte vanité,     Et vaine curiosité,     Ont ensemble étroit parentage:     Ce sont enfants tous d'un lignage.       XIII LA TORTUE ET LES DEUX CANARDS.  Une tortue était, à la tête légère,  Qui, lasse de son trou, voulut voir le pays. Volontiers on fait cas d'une terre étrangère, Volontiers gens boiteux haïssent le logis.     Deux canards à qui la commère     Communiqua ce beau dessein, Lui dirent qu'ils avaient de quoi la satisfaire.     Voyez-vous ce large chemin? Nous vous voiturerons, par l'air, en Amérique:     Vous verrez mainte république, Maint royaume, maint peuple; et vous profiterez Des différentes mœurs que vous remarquerez. Ulysse en fit autant. On ne s'attendait guère     De voir Ulysse en cette affaire. La tortue écouta la proposition. Marché fait, les oiseaux forgent une machine     Pour transporter la pèlerine. Dans la gueule en travers on lui passe un bâton. Serrez bien, dirent-ils, gardez de lâcher prise. 【全面イラスト】 【右上・手書き頁番号】23 【署名】友信 【落款】一青斎【?】 【右上・手書き頁番号】24     L'un après l'autre, en ma retraite. Nul que Dieu seul et moi n'en connaît les chemins:     Il n'est demeure plus secrète. Un vivier que Nature y creusa de ses mains,     Inconnu des traîtres humains,     Sauvera votre république.     On le crut. Le peuple aquatique     L'un après l'autre fut porté     Sous ce rocher peu fréquenté.     Là cormoran, le bon apôtre,     Les ayant mis en un endroit     Transparent, peu creux, fort étroit, Vous les prenait sans peine, un jour l'un, un jour l'autre.     Il leur apprit à leurs dépens Que l'on ne doit jamais avoir de confiance     En ceux qui sont mangeurs de gens. Ils y perdirent peu, puisque l'humaine engeance En aurait aussi bien croqué sa bonne part. Qu'importe qui vous mange, homme ou loup? toute panse     Me paraît une à cet égard:     Un jour plus tôt, un jour plus tard,     Ce n'est pas grande différence.       XIV LES POISSONS ET LE CORMORAN.    Il n'était point d'étang dans tout le voisinage    Qu'un cormoran n'eût mis à contribution:    Viviers et réservoirs lui payaient pension.    Sa cuisine allait bien; mais, lorsque le long âge     Eut glacé le pauvre animal,     La même cuisine alla mal. Tout cormoran se sert de pourvoyeur lui-même. Le nôtre, un peu trop vieux pour voir au fond des eaux     N'ayant ni filets ni réseaux,     Souffrait une disette extrême. Que fit-il? le besoin, docteur en stratagème, Lui fournit celui-ci. Sur le bord d'un étang     Cormoran vit une écrevisse. Ma commère, dit-il, allez tout à l'instant     Porter un avis important     A ce peuple: il faut qu'il périsse; Le maître de ce lieu dans huit jours pêchera.     L'écrevisse en hâte s'en va     Conter le cas. Grande est l'émute;     On court, on s'assemble, on députe     A l'oiseau: Seigneur Cormoran, D'où vous vient cet avis? Quel est votre garant?     Etes-vous sûr de cette affaire? N'y savez-vous remède? Et qu'est-il bon de faire?-- Changer de lieu, dit-il. Comment le ferons-nous?-- N'en soyez point en soin: je vous porterai tous, 【右上・手書き頁番号】25 明治廿七年十月十日印刷 明治廿七年十月二十日発行   版権   所有 著作者 仏国人      馬留武党       東京市築地居留地五十一番館 編輯者 発行者 印刷者  曲田 成       東京市京橋区築地二丁目十七番地 監督者  野村宗十郎       東京市京橋区築地一丁目二十番地 印刷所 《割書:株式|会社》東京築地活版製造所       東京市京橋区築地二丁目十七番地 画工   梶田半古      狩野友信      岡倉秋水      河鍋暁翠      枝 貞彦 木版工  木村 徳太郎 Tous droits réservés.     TABLE DES FABLES. CONTENUES DANS LE SECOND VOLUME. I...... LE COQ ET LE RENARD. Illustrée par Kadji-ta Han-ko. II..... LE LIÈVRE ET LES GRENOUILLES. Illustrée par Oka-koura      Shiou-soui. III.... LE SINGE ET LE DAUPHIN. Illustrée par Oka-koura      Shiou-soui. IV.... LE LOUP ET LA CIGOGNE. Illustrée par Kadji-ta Han-ko. V..... LA COLOMBE ET LA FOURMI. Illustrée par Kawa-nabé      Kiyo-soui. VI.... LA GRENOUILLE ET LE RAT. Illustrée par Kanô Tomo-nobou. VII... LE RENARD AYANT LA QUEUE COUPÉE. Illustrée par      Kadji-ta Han-ko. VIII.. LE SOLEIL ET LES GRENOUILLES. Illustrée par Kadji-ta      Han-ko. IX.... LE RAT ET L'HUÎTRE. Illustrée par Eda Sada-Shiko. X..... LE HÉRON. Illustrée par Kanô Tomo-nobou. XI.... L'ÉCREVISSE ET SA FILLE. Illustrée par Eda Sada-Shiko. XII... LE RENARD ET LE CHAT. Illustrée par Kadji-ta Han-ko. XIII.. LA TORTUE ET LES DEUX CANARDS. Illustrée par Kadji-ta      Han-ko. XIV.. LES POISSONS ET LE CORMORAN. Illustrée par Kanô      Tomo-nobou 【裏表紙】 【管理番号?】 SMITH-LESOUËF JAP 256 2 【背】 【天】 【前小口】 【地】